Lean en six sigma (LSS) : tout comprendre de ce terme complexe
Pour rester compétitive, une entreprise doit sans cesse optimiser ses processus, c’est-à-dire réduire ses coûts, améliorer la qualité de ses produits ou services, et accroître son efficacité opérationnelle. Mais comment y parvenir de manière structurée et durable ? Une manière d’y arriver est d’adopter le Lean Six Sigma (LSS), une approche puissante alliant deux méthodologies complémentaires : le Lean Management et le Six Sigma. Le Lean vise à éliminer les gaspillages (surproduction, temps d’attente, stocks inutiles, etc.) pour fluidifier les processus.
De son côté, Six Sigma se concentre sur la réduction des variations et des défauts grâce à une analyse statistique rigoureuse, garantissant une qualité irréprochable. Ensemble, ils forment le Lean Six Sigma, une méthode qui maximise la performance globale en combinant rapidité, précision et excellence opérationnelle. Mais comment fonctionne concrètement le lean en six sigma ? Découvrez dans cet article tout ce qu’il y a à savoir sur cette méthodologie !
Qu’est-ce que le Lean en Six Sigma ?
Le Lean Six Sigma ou Lean en six sigma est une méthodologie hybride qui intègre deux approches complémentaires : le Lean Management et le Six Sigma.
1. Le Lean management, c’est quoi ?
Historique et définition
Le Lean Management (ou gestion « allégée ») est une méthodologie d’optimisation des processus visant à maximiser la valeur pour le client tout en éliminant systématiquement le gaspillage (temps, ressources, efforts inutiles). Il puise ses racines dans le système de production de Toyota (TPS – Toyota Production System), développé au Japon dans les années 1950. Face à des ressources limitées après la Seconde Guerre mondiale, Toyota a dû optimiser sa production en éliminant tout gaspillage tout en maintenant une qualité élevée. Les ingénieurs Taiichi Ohno et Shigeo Shingo ont formalisé cette approche, inspirée en partie des méthodes de Henry Ford et des enseignements de W. Edwards Deming sur la qualité.

Dans les années 1980, des chercheurs américains, dont James Womack et Daniel Jones, ont étudié le succès de Toyota et ont popularisé le terme « Lean Manufacturing » (production allégée), avant que le concept ne s’étende à tous les secteurs sous le nom de Lean Management.
Avec le lean management, qui est une méthodologie d’amélioration continue, l’objectif est maximiser la valeur perçue par le client tout en minimisant le gaspillage (ou Muda en japonais). Pour cela, il faut créer des processus plus fluides, plus rapides et plus efficaces, en se concentrant sur :
- Ce qui apporte de la valeur (activités essentielles)
- Ce qui n’en apporte pas (gaspillages à éliminer)
Principes clés du lean management
Le Lean identifie 7 types de gaspillages à traquer et éliminer et quelques principes clés. Voici les gaspillages à éliminer :
- Surproduction (produire plus que nécessaire)
- Stocks excessifs (coûts de stockage et risques d’obsolescence)
- Transports inutiles (déplacements superflus de matières ou d’informations)
- Mouvements inutiles (gestes improductifs des opérateurs)
- Temps d’attente (retards entre les étapes d’un processus)
- Sur-traitement (qualité excessive non demandée par le client)
- Défauts et rebuts (erreurs entraînant des corrections coûteuses)
Et voici les principes clés du lean management :
▶️ La valeur client : tout processus doit être analysé en fonction de ce que le client considère comme utile et pour quoi il est prêt à payer. Cela implique d’éliminer les étapes superflues qui n’apportent pas de valeur réelle, afin de concentrer les efforts sur ce qui améliore véritablement l’expérience client.
▶️ Le flux tiré (Pull) : contrairement à une production en flux poussé (où l’on produit en avance), le système Pull déclenche la fabrication uniquement lorsqu’il y a une demande concrète. Cela réduit les stocks inutiles et limite le gaspillage lié à la surproduction ou à l’obsolescence.
▶️ L’amélioration continue (Kaizen) : le Kaizen encourage chaque employé, quel que soit son poste, à identifier et proposer des améliorations, même mineures. Cette culture de progression constante permet des gains cumulatifs significatifs sur la durée, tout en renforçant l’implication des équipes.
Les outils visuels (5S, Kanban, VSM) indispensables pour faire du lean management :
- Le 5S (Ordonner, Ranger, Nettoyer, Standardiser, Maintenir) structure l’espace de travail pour gagner en efficacité et sécurité.
- Le Kanban (étiquettes ou tableaux visuels) pilote les flux en temps réel pour éviter les pénuries ou excès.
- La VSM (Value Stream Mapping) cartographie les processus afin d’identifier et supprimer les gaspillages.
Ces outils rendent les problèmes immédiatement visibles, favorisant des corrections rapides et une gestion proactive.

2. Le Six Sigma, c’est quoi ?
Historique et définition
Développée par Motorola, le Six Sigma est une méthode d’amélioration des processus développée par Motorola, dont l’objectif principal est de réduire la variabilité pour garantir une qualité optimale des produits ou services. En s’appuyant sur des données mesurables et la voix du client, cette approche permet de tendre vers un niveau de performance extrêmement élevé, avec un taux de conformité proche de 100 %.
Basée sur la démarche DMAIC (Définir, Mesurer, Analyser, Innover, Contrôler), la méthode utilise des indicateurs fiables pour détecter et corriger les sources d’instabilité dans les processus. Son nom provient du monde des statistiques : Sigma (σ) symbolise l’écart type, qui mesure la dispersion autour de la moyenne.

Ainsi, viser Six Sigma revient à faire en sorte que les résultats d’un processus restent dans un intervalle situé à six écarts types de part et d’autre de la moyenne. En pratique, cela signifie qu’en atteignant ce niveau, seuls 3,4 défauts sont tolérés pour un million d’opportunités, ce qui équivaut à un taux de conformité de 99,99975 %. Grâce à la réduction des écarts et des défauts, le Six Sigma améliore la satisfaction client tout en réduisant les coûts liés à la non-qualité.
Les principes du Six sigma
Le Six Sigma repose sur six piliers fondamentaux qui en font une méthodologie puissante d’amélioration des processus :
➡️ Focus client absolu : toute démarche Six Sigma commence par une compréhension approfondie des besoins clients. La qualité se mesure à l’aune de leur satisfaction, avec pour objectif de dépasser systématiquement leurs attentes.
➡️ Pilotage par les données : contrairement aux approches intuitives, le Six Sigma s’appuie sur des mesures statistiques précises pour identifier les variations et quantifier les progrès. Les décisions se prennent sur la base de faits chiffrés.
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➡️ Optimisation processus : l’approche considère que la qualité du résultat dépend de la maîtrise du processus. Des outils comme l’AMDEC processus permettent d’anticiper et neutraliser les risques de défaillance.
➡️ Amélioration en cycle permanent : le Six Sigma s’inscrit dans une logique de progression sans fin, où chaque gain obtenu sert de base à de nouvelles optimisations (principe du Kaizen).
➡️ Implication non négociable du management : sans un engagement visible de la direction, portant à la fois sur les moyens et la vision long terme, la démarche perd son efficacité.
➡️ Philosophie « zéro défaut » : l’accent est mis sur la prévention active des erreurs plutôt que sur leur correction a posteriori, via des contrôles en amont et des tolérances réduites.
Les principes fondamentaux du Lean Six Sigma
Pour bien comprendre le Lean en Six Sigma, il est essentiel d’en explorer les principes fondamentaux et la manière dont ils s’intègrent concrètement dans les processus de l’entreprise.
Le Lean se concentre sur l’amélioration du flux de travail, en identifiant et éliminant les activités sans valeur ajoutée (les « mudas » en japonais), tout en optimisant les ressources. Le Six Sigma, quant à lui, s’appuie sur des données statistiques pour réduire les défauts et accroître la qualité en maîtrisant la variabilité des processus. Le Lean Six Sigma combine ainsi la rapidité et l’efficacité du Lean avec la rigueur analytique du Six Sigma.
Cette approche hybride permet non seulement de rendre les processus plus rapides et plus fluides, mais aussi plus fiables et cohérents. L’objectif ultime est d’augmenter la satisfaction client, tout en réduisant les coûts opérationnels.

Le Lean Six Sigma repose sur cinq grands principes qui guident son déploiement :
✅ La voix du client (Voice of the Customer – VOC) : toute démarche d’amélioration commence par une écoute attentive des besoins du client, qu’il soit interne ou externe. Il s’agit de comprendre ce qui est réellement important pour lui : qualité, rapidité, coût, fiabilité… Les projets Lean Six Sigma sont conçus pour répondre précisément à ces attentes.
✅ Identifier la chaîne de valeur : une fois les attentes du client définies, l’organisation doit cartographier l’ensemble de ses processus afin de repérer les étapes qui apportent de la valeur — et celles qui n’en apportent pas. Cette visualisation permet d’identifier les gaspillages à éliminer (temps d’attente, surproduction, stocks inutiles, erreurs…).
✅ Éliminer les gaspillages et réduire la variabilité : c’est ici que les outils Lean et Six Sigma entrent pleinement en jeu. D’un côté, on supprime les activités inutiles pour améliorer la fluidité ; de l’autre, on utilise des outils statistiques (comme l’analyse de la cause racine ou les cartes de contrôle) pour limiter les écarts dans la qualité. Cette double approche garantit une amélioration durable.
✅ Travailler en mode projet structuré (DMAIC) : l’un des piliers du Lean en Six Sigma est la méthode DMAIC : Définir, Mesurer, Analyser, Innover, Contrôler. Ce cadre structuré permet de résoudre les problèmes de manière méthodique, en s’appuyant sur des données concrètes plutôt que sur des intuitions.
✅ Impliquer les collaborateurs et instaurer une culture d’amélioration continue : le succès du Lean Six Sigma repose sur l’implication des équipes à tous les niveaux. Ce ne sont pas seulement les experts qui mènent les projets d’amélioration : chacun, du terrain au management, doit être acteur du changement. La formation, la communication et la reconnaissance sont des leviers essentiels pour instaurer une culture d’amélioration durable.
Les outils et techniques indispensables au déploiement de cette méthodologie
Le Lean Six Sigma utilise une variété d’outils et de techniques pour analyser et améliorer les processus. Voici quelques-uns des plus couramment utilisés :
Cartographie des flux de valeur (value stream mapping)
Cet outil permet de visualiser l’ensemble des étapes d’un processus, de l’entrée à la sortie, en identifiant les activités qui ajoutent de la valeur et celles qui n’en ajoutent pas. Il aide à identifier les gaspillages et les opportunités d’amélioration.
Analyse des causes racines (root cause analysis)
Des outils comme le diagramme d’Ishikawa (ou diagramme en arête de poisson) et la méthode des 5 Pourquoi sont utilisés pour identifier les causes profondes des problèmes.
Analyse des données
Le Six Sigma repose fortement sur l’analyse statistique des données. Des outils comme les histogrammes, les cartes de contrôle et les tests d’hypothèses sont utilisés pour comprendre la variabilité des processus.
Méthode 5S
Issue du Lean management, la méthode 5S (Seiri, Seiton, Seiso, Seiketsu, Shitsuke) vise à organiser et à maintenir un environnement de travail propre et efficace. Elle est souvent utilisée pour améliorer l’efficacité opérationnelle.
Comment appliquer le lean six sigma ?
L’application du Lean Six Sigma varie selon les secteurs, mais repose toujours sur une démarche structurée, orientée résultats. Voici trois exemples concrets pour illustrer son déploiement :
Dans l’industrie manufacturière
Le secteur industriel constitue un terrain idéal pour le Lean Six Sigma, en raison de ses nombreux processus répétitifs et mesurables.
Prenons l’exemple d’une usine de production de pièces automobiles. L’équipe qualité remarque un taux élevé de retours clients pour des défauts d’usinage. Plutôt que de corriger les défauts a posteriori, l’entreprise lance un projet DMAIC.
D’abord, les opérateurs identifient précisément les types de défauts (définir). Ensuite, des capteurs installés sur les machines enregistrent les paramètres de production (mesurer). Après analyse, l’équipe découvre que certaines machines présentent une usure anormale des outils de coupe, entraînant des écarts de dimensions (analyser). Elle met alors en place une maintenance préventive basée sur le nombre de cycles plutôt que sur une fréquence fixe (innover). Enfin, un système de contrôle statistique assure un suivi en temps réel (contrôler).
Résultat : baisse des rebuts, réduction des coûts et amélioration de la satisfaction client. Le Lean Six Sigma transforme ici un processus instable en une chaîne de production fiable et optimisée.
Dans les services financiers
Dans une banque ou une compagnie d’assurance, les processus sont majoritairement numériques et centrés sur le traitement de données. Pourtant, de nombreuses sources de gaspillage ou de variabilité peuvent ralentir les opérations.
Imaginons un service de traitement des demandes de prêt. L’analyse initiale révèle que certains dossiers prennent jusqu’à 10 jours pour être validés, tandis que d’autres sont traités en 48 heures. L’équipe projet lance une démarche Lean Six Sigma pour homogénéiser les délais.
Elle commence par cartographier l’ensemble du processus (définir) et recueille les temps de traitement à chaque étape (mesurer). L’étude met en lumière une surcharge de travail sur une seule équipe, ainsi que des erreurs de saisie fréquentes (analyser). En réponse, les tâches sont redistribuées et un formulaire de demande simplifié remplace l’ancien modèle (innover). Des contrôles automatisés garantissent l’exactitude des informations saisies (contrôler).
Au final, le délai moyen passe sous les 3 jours, avec moins d’erreurs. Le Lean Six Sigma, appliqué ici, fluidifie le parcours client tout en optimisant les ressources internes.
Dans le secteur de la santé
Hôpitaux, cliniques, laboratoires… Le monde médical présente des enjeux cruciaux en matière de qualité, de sécurité et de rapidité. Le Lean Six Sigma y joue un rôle clé pour améliorer les parcours patients tout en réduisant les coûts.
Prenons le cas d’un service d’imagerie médicale confronté à des délais d’attente importants pour les examens IRM. L’équipe projet commence par analyser les créneaux disponibles, les durées réelles des examens, et les temps morts entre deux patients (définir et mesurer).
L’étude révèle des créneaux mal utilisés, notamment en raison de retards fréquents ou de doublons dans les rendez-vous (analyser). En réponse, un nouveau système de planification ajuste les créneaux selon la complexité des examens, et un rappel automatique par SMS réduit les absences (innover). Un tableau de bord de suivi permet d’ajuster l’organisation en continu (contrôler).
Grâce à cette démarche, le service réduit ses délais d’attente de 30 %, tout en améliorant l’expérience des patients et des soignants. Le Lean Six Sigma contribue ici à créer un environnement plus fluide, sans sacrifier la qualité des soins.
Les avantages du Lean en Six Sigma (LSS)
Tour d’horizon des principaux atouts du Lean en Six Sigma :
1. Amélioration continue et gains mesurables
Grâce à des outils méthodiques comme la méthode DMAIC, le LSS structure les projets d’amélioration autour de données tangibles. Cette rigueur analytique conduit à des résultats concrets : baisse des défauts, réduction des délais, augmentation de la productivité. Les entreprises engagées dans cette démarche constatent souvent un retour sur investissement rapide.
2. Orientation client renforcée
Chaque action entreprise sous l’égide du LSS repose sur l’écoute des besoins du client. L’optimisation vise à mieux satisfaire les attentes en matière de qualité, de rapidité ou de fiabilité.
Cette approche centrée sur l’utilisateur final stimule la fidélisation et renforce la compétitivité.
3. Valorisation des collaborateurs
Le Lean Six Sigma ne se limite pas à des outils techniques. Il repose aussi sur la mobilisation des équipes. En intégrant les opérateurs aux réflexions d’amélioration, l’entreprise reconnaît leur expertise terrain. Ce dialogue constant favorise l’engagement, la motivation et l’intelligence collective.
4. Réduction des gaspillages et meilleure utilisation des ressources
Les gaspillages, qu’ils soient matériels, humains ou temporels, freinent la performance. Le LSS traque ces inefficiences à la source. En supprimant les étapes inutiles, en stabilisant les processus, les entreprises fluidifient leurs chaînes de valeur tout en réalisant des économies substantielles.
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